Nous est-il difficile de décrire le caractère d’Haruki? À la surface, non, car nous avons affaire à l’un des plus enfantins élèves de tout Klain, ça, plusieurs vous l’assuront! Un sourire perché sur ses lèvres pâlottes, ses canines pointues et douteuses et sa gorge raclant souvent un espèce d’étouffement semblable à celui d’un rire, notre petit loupiot est du genre comique, rigolo et extrêmement sociable. Bien qu’aux premières apparences il peut vous sembler renfermé et lunatique, une fois que vous apprenez à lui dire un petit bonjour, vous voilà dans de beaux draps. Car, effectivement, Haruki est l’un des plus farceurs et maladroits sur la terre. À moins de vouloir bien faire les choses, il pourrait s’amuser à vous jouer une panoplie de tours et à vous rendre la vie ardue, comme si les choses, parfois, n’étaient pas aussi faciles qu’elles pouvaient l’être. Il est rare de s’ennuyer au près de lui, sauf peut-être quand il s’endort dans vos bras, fatigué de ses promenades nocturnes qu’il effectue régulièrement.

Et pourtant en dessous de cette carapace solide se trouve quelqu’un à la recherche d’une identité. Le Motto se pose sans cesse des questions sur son apparence, sur ses actes, sur ses bêtises et prête une attention si particulière à chacune de ses pensées qu’il finit souvent par devenir lunatique. On retrouve à l’intérieur de cette personne joviale un enfant triste, sans l’ombre de vie, qui cherche quelque chose pour le faire vivre. Un ami? Un sourire? Un amour? Me demanderiez-vous? Difficile à savoir. Dans ses pensées sombres, on y voit souvent de vieux souvenirs douloureux, des choses qui ne l’ont jamais quittés. Haruki est en réalité une personne qui se nourrit du bonheur des humains. Il avait, depuis sa tendre jeunesse, voulu être comme eux. Alors il est jaloux, très jaloux de voir qu’il a besoin d’une énorme quantité de rires pour parvenir à sourire lorsqu’il est seul. Et cette armure, qui pourrait bien la briser?

Notre apparence, qu’est-elle en réalité? Une masque créé par les gènes humains afin de bâtir une fausse personnalité d’un pauvre enfant, qui, comme Haruki, aurait rêvé être d’une laideur extrême. Néanmoins ne devrait-il pas être heureux de voir dans le miroir de magnifiques traits hérités par ses parents? Il y a des choses, dans la vie, qu’il ne fallait pas trop chercher à savoir. Et puis de toutes les façons, il était difficile pour un adolescent en peine de se réconforter à l’aide de chirurgies impraticables sur son masque de loupiot. Même moi, écrivaine de ce personnage, je suis triste pour ce jeune garçon ayant tout pour lui, sauf ce qui rend réellement une personne charmante, une main à attraper.

Briffetons, avant que je ne m’éloigne du sujet, tout de même. Notre petit loup-garou, chanceux ou pas chanceux, possède une touffe de cheveux, très épaisse, de couleur brunâtre, ainsi que des yeux marron, limite dorés, qui, à cause de son côté animal, illumine dans la noirceur de la nuit – et parfois on a l’impression d’avoir affaire à un chaton. Ayant vécu une très bonne partie de sa vie dans les hautes montagnes blanches de sa tribu, il détient un teint très pâle, voir celui d’un fantôme, et une peau souvent sèche, peu douce, sauf lors des moments de chaleurs extrêmes. Haruki est également l’un des plus grands de sa famille, mesurant environ un mètre quatre-vingt-dix, et il est bien bâti, musclé à bloc malgré son appétit féroce. Son nez est en forme de trompe, sa bouche fine et il possède des petites canines aiguisées dans sa gueule. Il revête habituellement ce qu’on lui passe sous la main, mais durant cette dernière année à Klain, il commence à opter pour des jeans et des chemises entrouvertes, banal quoi.

J’aimerais, pour une fois, écrire une histoire qui finit bien. Hélas, pour vous, chers lecteurs, elle commence bien et fini avec une longue question qui remet en doute notre loup. À savoir pourquoi, mon cœur est lourd, lorsque j’écris en l’honneur de ce Haruki Motto. Peut-être finira t-elle bien, un jour… Cela dépend de toi, d’eux et de l’avenir. Même moi, je ne pourrai jamais le savoir.

Cette histoire débuta comme les autres : par une histoire d’amour. Mais à la différence des autres, elle, elle commença entre deux animaux, soit des loups. Ceux de deux parents, semblables à des humains à la surface, fous amoureux l’un de l’autre, vivant une histoire à la Roméo et Juliette. Et ses deux parents tenaient entre leur main un bambin naissant, réclamant à l’aide d’un cri qu’on le calme des souffrances qu’il vit. Ce petit bambin, au contraire de les énerver, les faisait rire et sourire, comme si la plus belle chose venait de leur arriver. Pourtant, ils vivaient dans une cabane, seuls, isolés des civilisations animales, de la chaleur et des grandes villes. À croire que parfois on pouvait être plus heureux à deux, oh pardon, à trois qu’à des milliers. C’était la naissance d’Haruki, baignant dans une adorable histoire d’amour, qui fit que leur petit monde à eux bascula en l’espace de quelques secondes. Car ils se promettaient d’être heureux jusqu’à la fin de temps…

Mais dans les hautes montagnes des tribus, qui aurait cru qu’une immense colère vibrait sur le trône du chef, des chefs à cause de cette petite famille?

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